La lame – Frédéric Mars

Une claque, une pépite, un coup de foudre. Une lame qui submerge d’émotions bruts, pures et dures et qui vous met dans un état second. Vous l’aurez compris, je vous parle aujourd’hui de mon deuxième coup de foudre de l’année et pas des moindres avec La lame de Frédéric Mars paru aux éditions Métropolis.


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Editions Métropolis

Prix : 22€

504 pages


Résumé :

Dans une France proche et obscure à la cité de La Solidarité, quartiers nord de Marseille : l’officier de PJ Simon Mardikian découvre le cadavre ravagé d’une jeune prostituée noire, Joy, alias Queen, sans identité définie. Son enquête sur les réseaux mêlant drogues, migrants et traite d’êtres humains ne fait que commencer.

Le lendemain, à Lagos, capitale du Nigéria, dans le bidonville flottant de Makoko, l’instituteur Sékou Williams tient tête au dealer Kaza qui cherche à recruter des revendeurs parmi ses élèves. Mais soudain s’abat une immense vague-submersion, dispersant des milliers de réfugiés à travers le continent africain.

Au même moment, à l’Élysée, le président de la République Bako Jackson annonce sa candidature à sa propre réélection. Il en profite pour dévoiler le renforcement du dispositif Frontex. C’est sa fermeté sur les questions migratoires qui a valu à ce fils de pasteur nigérian de ravir le pouvoir à l’extrême droite en 2027. À peine a-t-il achevé son allocution qu’on lui annonce la catastrophe climatique de Lagos.

Ces trois histoires ne vont pas tarder à se rencontrer, d’une manière qui pourrait bien changer le monde.
Ce qui va les réunir ?Une lame, rien qu’une lame, qui déjà déferle et emporte tout sur son passage…


La lame ou comment un livre peut te foutre des claques en 500 pages. Si Les marcheurs m’avait marqué et me marque encore, La lame est encore un cran au-dessus. C’est un coup de foudre sur une histoire qui a des échos proches de notre société actuelle. Une intrigue qui repose sur des faits et de ce qui pourrait advenir dans 10 ans. Ca fait froid dans le dos et pourtant autour de cette intrigue, ce sont des histoires de vies que l’on suit. et qui vont parfois nous redonner un peu d’espoir face à cette humanité qui semble se perdre à ne plus regarder autour d’elle, à fermer les yeux.

D’un président de la République à un simple instituteur du Nigéria, Frédéric Mars, nous livre des émotions bruts, sans fioritures et nous entraîne sur les jours les plus sombres d’Octobre 2031.

Un thriller d’anticipation, un roman noir… peu importe dans quelle catégorie on place ce livre, ce qui compte c’est ce qu’il contient. Et c’est une mine d’or d’informations, de personnages et d’intrigue.

La lame ça commence fort.

Une scène macabre attend nos deux policiers à Marseille. Une scène macabre pour un crime atroce. D’autant que l’auteur n’épargne pas sur les détails, marquant l’horreur de la situation mais surtout l’horreur qu’est devenu la ville en 2031. Ville « gouvernée » par des pontes de la drogue, de la prostitution et du trafic en général avec un grand T. Une ville qui subit et qui ne peut qu’observer son déclin si elle souhaite rester en vie.

Et c’est avec ce premier chapitre, cette première scène que l’on se trouve emportée par la lame. Comment d’un meurtre, on en arrive à la plus grande catastrophe jamais envisagée ? Mais surtout comment trois protagonistes, de milieu complètement différents, vivants dans des lieux éloignés les uns des autres, vont se retrouver liés par le même destin ?

L’auteur nous régale avec l’aspect politique, climatique et humain qu’il dégagent de son livre, de son intrigue. C’est un flot d’émotions qui prend à la gorge, des scènes qui font froid dans le dos parce que ça pourrait arriver demain.

Mais surtout malgré le côté dramatique, fataliste que peut être La lame, il reste toujours l’espoir. L’espoir de vivre, de s’en sortir, d’une vie meilleure, d’un lendemain plus clair.

Et cet espoir va se manifester à travers nos personnages principaux lors de leurs parcours, de leurs périples jusqu’à leur but final.

Après tout, que l’on soit Président de la République, instituteur nigérian ou flic à Marseille, chacun est motivé pour une raison, un objectif à atteindre qu’il soit appréciable ou non.

Et puis tout n’est pas blanc ni noir.

C’est un nuancée de gris qui se présente sous nos yeux et qui impacte d’autant plus le lecteur à mes yeux. Qui m’a d’autant plus impacté moi. Parce que comme dit plus haut c’est une intrigue qui nous touche de près et qui pourrait arriver à n’importe quel moment. Alors transformé des faits établis en intrigue politique et humaine, je pense que ça ne pouvait que me toucher.

Ce sont des émotions fortes qui m’ont traversés, de savoir comment on pouvait en arriver là et de se sentir impuissant face à ce qui se déroule.

C’est une lecture immersive, on s’y croirait sans difficulté. Se battre pour sa survie comme Sékou, se battre pour sa place comme le Président Jackson ou se battre pour ses valeurs comme l’officier Mardikian.

Ce sont leurs valeurs qu’ils défendent et qui vont finir par s’entrecroiser sur leur route. Leur rencontre est percutante, vibrante d’émotions non feinte et n’apporte que plus de sincérité, de légitimité à leurs actions, à ce qu’ils défendent quitte à risquer leurs propres vies.

C’est dingue comment d’une intrigue au début morbide l’auteur parvient à en faire découler quelque chose porteur d’espoir. Et c’est là tout le talent de Frédéric Mars. Sortir le lecteur de sa zone de confort et proposer quelque chose de déstabilisant, de choquant et de profondément vrai.

Et de ce côté-là je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Guerilla de Laurent Obertone. Sur certains aspects les deux livres se rapprochent énormément et notamment le fait qu’ils s’inspirent tout deux de documentations provenant de sources officielles et hauts placés. A travers leurs deux histoires, ils nous proposent une réalité différente et ce qu’il pourrait advenir si jamais. C’est troublant et pourtant je me suis laissée captiver par ces deux récits sombres mais toujours portés par cette petite lueur d’espoir.

Si je ne devais parler que de la construction de l’intrigue et de l’histoire en général, je dirais que l’auteur nous imprègne de l’environnement, du décor qui entoure nos différents protagonistes. Comment ne pourrait-il pas être mis en avant quand une vague submersion frappe de plein fouet le Nigéria? C’est un environnement assez sombre qui suit l’intrigue et exacerbe des sentiments assez négatifs comme la peur, la tristesse ou encore l’angoisse.

L’auteur s’attarde sur ces petits détails qui entoure les personnages comme l’endroit qui les entoure, les personnes qui gravitent autour d’eux mais aussi le temps gris, sombre et menaçant. Ces détails ne donnent que plus de force au récit et une authenticité aux sentiments des personnages qui sont souvent égratignés par ce qu’ils vivent et ce qu’ils partagent avec ceux qui se situent autour d’eux.

Et de par sa construction fluide, je n’ai ressenti aucune lassitude sur les explications données concernant les différents organismes qui régissent dans La lame. On ne se perd pas en blabla inutile et explication de chaque abréviation. Pour cela, l’auteur a inséré un glossaire à la fin du livre pour que l’on s’y retrouve face au jargon politique et nous définir chaque abréviation. D’ailleurs un index des personnages se situe au tout début pour ne pas que l’on se perde de trop. Et vu la palanquée de personnages que l’on rencontre ce n’est pas plus mal =) !

En bref,

Ainsi La lame s’abat sur nous comme elle s’abat sur chacun des personnages. Le dénouement est fort, prend à la gorge et m’a laissé complètement sonnée. Comment sortir d’une lecture pareille sans être égratignée, sans réfléchir un minimum à ce qu’il se passe autour de nous, en France ou ailleurs ? C’est un vrai uppercut que je me suis prise parce que j’ai vécu ce livre, cette intrigue. J’ai vécu pendant 500 pages à côté de ces personnages. J’ai eu peur avec eux, j’ai pleuré avec eux, j’ai espéré avec eux.

Et je pense que l’intrigue mais surtout la plume de l’auteur y sont pour beaucoup dans cette immersion. Et je ne peux que vous le recommander un milliers de fois. Etes-vous prêt à affronter les coups de lame qui parsèmeront les pages de votre lecture ?

La lame est mon deuxième coup de foudre, une lecture qui marque, qui percute et qui donne à réfléchir même si c’est un thriller, parce que ce n’est pas aussi éloignée de notre réalité.

Bref, lisez La lame de Frédéric Mars.


Quelques citations :

« On ne s’attend jamais à ce que l’Histoire frappe à notre porte. »

« La douleur est dedans, l’horreur est partout autour. »

« Fallait-il donc que les blessures les plus douloureuses viennent de ses proches ?

Fallait-il donc toujours se faire trahir par les siens ? « 

« C’était glaçant et absurde à la fois. C’était à pleurer de rage et d’impuissance. »

« Chaque époque produisait une utopie à son image, et celle d’aujourd’hui n’était qu’un produit standardisé, conçu et marketé Outre-Atlantique, produit en Chine ou ailleurs. »

 

 

3 réflexions sur “La lame – Frédéric Mars

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