Utoya – Laurent Obertone

Voilà 8 jours que j’ai terminé ce livre.

8 jours que je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir vous dire…

Je ne peux pas dire que c’est un coup de cœur au vu des évènements qu’ils relatent et qui se sont déroulés il y a de cela huit ans en Norvège. Mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour l’écriture de Laurent Obertone et la manière dont il décide de retranscrire les témoignages, les faits et de s’immiscer dans la tête de Breivik en ce fameux 22 juillet 2011 mais aussi l’avant et après.

Et à la fin de ma lecture, j’en suis ressortie groggy, abattue, à me demander : « mais qu’est-ce que je vais pouvoir lire après ça ? »

Aujourd’hui je vous parle d’Utoya de Laurent Obertone paru aux éditions Ring.


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Editions La Mécanique Générale / Ring

Prix : 9€99

534 pages


Résumé :

Le 22 juillet 2011 à quarante kilomètres d’Oslo (Norvège), un homme de 32 ans est arrêté sur l’île d’Utøya, à 18h34. Il vient d’assassiner 77 personnes.

Rapports de police, dossier judiciaire, écrits intimes du meurtrier, témoignages de proches, d’experts, de survivants… Laurent Obertone a mené la première enquête d’investigation sur la vie d’Anders Breivik pour livrer, jusqu’aux expressions même des protagonistes, le récit électrique et impitoyable du plus grand massacre de masse contemporain. Depuis le cerveau du tueur norvégien, il lève le voile sur l’intimité et la fabrication mentale du bourreau, jusqu’aux heures sanglantes de l’été 2011.


Ce qu’il y a de bien avec cet auteur, c’est que chaque ressenti de ses livres est quasiment identiques : l’impression de te prendre un sérieux uppercut dans la tête qui te laisse sonner pendant quelques jours.

Mais là où Guerilla se voulait fictif, Utoya est une réalité et une atrocité.

Et suivre les pensées de Breivik, à la première personne, est une abomination. C’est quelque chose qui te prend à la gorge, qui te prend aux tripes et dont tu ressors dans un état second. Pas de doute, le fait de raconter ça de son point de vue à un impact beaucoup plus lourd au niveau du ressenti du lecteur durant sa lecture.

Pour nous raconter ce qu’il s’est passé sur l’île d’Utoya, en Norvège le 22 juillet 2011, l’auteur commence par nous dérouler heure par heure les tueries agrémentés ici et là par des rapports d’autopsies sur les différentes victimes… de jeunes victimes pour la majorité.

Avec cela, aucune difficulté à s’imaginer l’horreur de la chose et l’ampleur du massacre.

Et l’on passe par la suite au procès et à ce qui a amené Breivik à massacrer plus de 70 personnes à lui tout seul. On apprend à connaître ses pensées, ses idéaux et son objectif final à long terme.

Effroyable.

Je ne rentrerais pas plus dans les détails pour vous laisser découvrir par vous-même, mais surtout pour que vous puissiez vous immerger vous-même dans cette histoire et dans les pensées d’une personne considéré comme « normale » par les psychiatres.

Mais sachez que j’en suis ressortie toute chamboulée.

Chamboulée par ce que j’ai lu, par les mots de l’auteur si percutants, mais également par les témoignages des différents intervenants qu’ils soient victimes, psychiatres ou policiers.

Malgré moi, les mots que je lisais ont provoqué un certains désarroi et m’ont surtout marqué. J’aimerais beaucoup savoir comment l’auteur a su et pu se mettre dans la tête d’une personne tel que lui et rendre ça aussi terriblement poignant, percutant et dérangeant.

Loin du mélodramatique, ici, ça touche surtout le sentiment humain qui te fait dire que ça pourrait arriver n’importe quand, n’importe où. Et ceci est en grande partie dû au fait que l’auteur s’établit sur des faits objectif sans laisser paraître le moindre jugement concernant ce qu’il c’est passé ce fameux jour.

Ici, c’est Breivik qui s’exprime, qui explique ses motivations qui peuvent avoir de quoi déstabiliser un bon nombre d’entre nous. En effet, dans ses explications certaines choses pourraient presque faire écho en nous, sur ce que représente la société actuelle… Effrayant non ? Et tellement vrai en même temps…

Au final, pas besoin de grands mots ou de grandes phrases pour cette chronique.

Ce que je veux vraiment mettre en avant ce sont les émotions que j’ai ressenti mais surtout le talent d’écriture de Laurent Obertone.

Une écriture minutieuse, une véritable capacité à se fondre dans son personnage et à nous percuter dans notre propre conscience. Parce qu’on a beau lire le récit d’un monstre, il reste avant tout un être humain avec ses failles mais aussi ses forces.

Et Laurent Obertone exploite ces faces-là avec une parfaite maîtrise, une totale justesse. Pas de surenchère, juste les faits. Et c’est ça qui fait que ce livre résonne encore en nous des heures plus tard…

En bref,

Pas d’émotions sans bonne écriture après tout.

Et moi ce livre il m’a mis mal. Parce que ça touche tout le monde, que depuis on a été confrontés à d’autres horreurs (que Guerilla souligne bien soit dit-en passant. Oui ce livre là aussi il m’a marqué haha), et que ce n’est pas une fiction mais bien la réalité.

Alors que lire après s’être confronté à une lecture pareille ?

Elles sont peu à m’obséder une fois la dernière page tournée.

Mais Utoya peuple mes pensées depuis une semaine parce que je ne peux oublier les mots que j’ai lu et qui m’ont causé bien du tracas. Et surtout je ne peux oublier les sentiments qui m’ont envahis page après page : colère, tristesse, incompréhension et malaise…

Alors je me répète : mais que lire après ça ?

Et même si depuis j’ai lu d’autres livres, Utoya reste toujours dans un coin de ma tête.

Mais surtout je ne peux que vous le conseiller de le découvrir à votre tour.


Quelques citations : 

« La dernière douille tombe et cliquette sur le sol. Silence. »

« C’est ici, aujourd’hui, que tout va se terminer, et que tout va commencer. »

« La politique n’est pas un jeu, l’évènement n’est pas innocent, l’histoire n’est jamais pacifiste. »

« Depuis trente-deux ans, j’étais enfermé dans mon crâne. Ce 22 juillet 2011, j’ai décidé de sortir faire un tour. Ma promenade est terminée. J’ai décidé de parler. J’ai décidé de dire ce que je veux. J’ai décidé de dire ce que je suis. »

« Tout un chacun s’est transformé en agent à plein temps de la propagande d’Etat. Nous sommes tous les complices de ce combat contre la réalité. »

« Ils sont d’autant plus dangereux qu’ils peuvent se montrer très convaincants. A l’isolation social près, les gourous ont une personnalité très proche des VTB. » [VTB = Violent True Believer]

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