Germania de Harald Gibers

J’ai découvert cette série il y un an et demi avec La vengeance des cendres que j’avais beaucoup aimé malgré certaines longueurs lié au besoin de nous fournir des informations historiques les plus précises possibles. Mais j’avais complètement adhéré à l’intrigue et au personnage principal. J’ai donc décidé de reprendre par le début et de découvrir le premier tome mettant en avant le commissaire Richard Oppenheimer.

Je vous parle aujourd’hui de Germania de Harald Gilbers paru aux éditions 10/18.


Germania de Harald Gilbers – éditions 10/18

Résumé :

Berlin, été 1944. De jeunes femmes sont retrouvées mortes, nues et mutilées, devant des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. Contre toute attente, le SS-Hauptsturmführer Vogler fait appel à Richard Oppenheimer, l’ancien enquêteur star. Pourtant Oppenheimer est juif et donc officiellement interdit d’exercer… Tiraillé entre son quotidien misérable dans une  » maison juive  » et le confort que lui offre son nouveau statut, Oppenheimer est de plus en plus inquiet. Tous les indices pointent vers un assassin appartenant à l’élite nazie, si Oppenheimer échoue, son destin est scellé. Mais n’est-il pas encore plus dangereux de démasquer le coupable ? Pendant les derniers jours du Reich, les tensions sont à leur comble…


Et j’ai adoré cette lecture, encore plus que La vengeance des cendres. Sûrement parce qu’il y a un subtil équilibre entre l’intrigue et les informations historiques qui parsèment le roman. En effet, l’histoire se déroule un an avant la fin de la seconde guerre mondiale, au coeur d’une Allemagne nazie souffrant des bombardements alliés.

Mais cela n’empêche pas des crimes de se commettre bien au contraire. C’est même la période propice à toutes les atrocités je dirais même. Alors, lorsque le corps d’une femme est retrouvé face à un monument aux morts, c’est le début de grands ennuis.

En effet, très vite on se rend compte que la victime aurait plus ou moins un lien direct avec certains membres du parti nazi et que cette affaire prend donc un tournant politique. Rien de plus fâcheux que mêler crime et politique. Surtout qu’ici, il ne faut pas que l’affaire s’ébruite et qu’elle soit résolue dans la plus grande discrétion.

Autant dire que ça sent le sapin à plein nez cette histoire.

Et contre toute attente, le SS-Hauptsturmführer Vogler fait appel à un juif pour résoudre ce crime. Mais attention, pas n’importe quel juif puisqu’il s’agit de l’ancien commissaire Richard Oppenheimer, condamné à vivre une vie de misère et maintenu en vie grâce au statut aryen de sa femme.

Oppenheimer était une pointure dans son métier, et c’est entre autre pour cette raison que Vogler décide d’exploiter ses compétences pour tenter de résoudre l’enquête sans faire trop de vagues. Il se voit dans l’obligation d’accepter (en même temps peut-on vraiment refuser quoi que ce soit à cette époque ?) et le voilà avec un « cadeau » empoisonné entre les mains.

On se doute bien que si une affaire comme celle-ci est mise entre les mains d’un juif, d’un paria de l’Allemagne nazie c’est qu’il y a anguille sous roche et que le tout va se révéler plus compliqué qu’il n’y paraît de premier abord.

Ainsi, Oppenheimer va retrouver son quotidien bouleversé d’une part à cause de son enquête qui lui fait côtoyer la SS d’un peu trop près. Et d’autre part, les bombardements qui ne cessent de s’accentuer et plante un décor d’apocalypse en plein coeur de Berlin.

D’ailleurs, on ressent cette atmosphère lourde teintée d’angoisse. Une angoisse de se faire déporter à tout moment, une angoisse de se faire tuer en pleine rue par une bombe, une angoisse de ne pas savoir si vous allez retrouver vos proches vivants en rentrant le soir.

Les descriptions sont efficaces de ce côte-là et je ne peux que m’imaginer l’horreur que certains ont du vivre à cette époque, juifs comme allemands qui étaient contre la barbarie du régime nazie.

Concernant l’enquête, je trouve qu’elle passe quelque peu au second plan. Ou plutôt, elle est un prétexte pour nous dépeindre la vie des allemands et des juifs en mai 1944.

L’enquête prend le temps de se développer et de mettre ses rouages en place. En même temps, il est difficile pour Oppenheimer d’avancer avec son statut de juif mais aussi parce qu’il est confronté à des obstacles d’ordre politique. Heureusement, il est amené à enquêter avec le SS Vogler qui lui permettra d’enfoncer quelques portes tout en préservant le bien-être des hauts partis nazis.

Ensemble, il forme un duo improbable mais efficace. Même si on se doute bien que cela n’est que temporaire et que chacun redeviendront ennemi de par leurs idéaux.

L’affaire ne sera pas de tout repos et ils se verront confrontés à pas mal d’horreur, parce que le premier cadavre rencontré ne sera malheureusement pas le dernier. Le tueur joue avec eux et on ressent le plaisir qu’il prend à les mener en balade.

Dans Germania, il y a toujours autant de descriptions et surtout d’explications historiques qui nous permettent de mieux appréhender l’intrigue et l’époque à laquelle évoluent nos protagonistes.

De plus, cela permet de faire connaissance avec ces derniers et d’avoir un aperçu de ce qu’ils vivent au quotidien. Le meilleur comme le pire.

Il soulève également des faits de société et la façon qu’a le régime nazi d’imposer son idéologie et comment il prévoit la future descendance aryenne de l’Allemagne nazie… assez horrifiant je dois dire. C’est percutant et avec les autres thèmes qu’il peut aborder dans son intrigue j’avoue que j’ai été transporté tout au long de ma lecture.

En bref,

Alors oui, ça peut toujours paraître long pour certains parce qu’on est pas au coeur d’une enquête pure et dure. Il y a un contexte tout autour et qui est tout aussi important. L’histoire prend le temps de se mettre en place mais elle nous enrichit de faits historiques et nous dépeint des personnages charismatiques et inoubliables.

Lorsque l’enquête prend de la vitesse, je n’ai eu qu’une envie, savoir comment cela allait se terminer et quel serait le devenir de certains protagonistes. Je suis passée par pas mal d’émotions durant ma lecture et j’ai trouvé intéressant de situer l’intrigue au coeur de Berlin, au plus proche du régime nazie, proche de leur défaite aussi.

Je vous le conseille si vous aimez la période de la Seconde Guerre Mondiale et que vous aimez les enquêtes qui prennent le temps de se développer. Pour ma part, j’ai adoré ce tome et il me tarde de lire le deuxième tome de cette série.

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